Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Persistances rétiniennes...
18 mars 2006

Danse Macabre, de Stephen King

Poste de nuit

Warwick fit face à Hall, se contraignant farouchement à sourire. Hall ne put s'empêcher de l'admirer.
_ On ne peut pas aller plus loin, Hall. Tu dois bien t'en rendre compte.
_ Je pense que toi et les rats avez des affaires à régler, rétorqua Hall.
Warwick s'effondra.
_ Je t'en prie, fit-il. Je t'en prie.
Hall sourit.
_ Avance.
Warwick regardait par dessus son épaule.
_ Ils ont entamé le tuyau. Quand ils en seront venus à bout, ça sera fini pour nous.
_ Je sais. Avance.
_ T'es complétement dingue...
Un rat frôla la botte de Warwick qui laissa échapper un cri. Hall sourit et agita sa torche. Ils étaient tout autour, le plus proche se tenant à moins de 30 centimètres.
Warwick recommença à marcher. Les rats reculèrent.
Les deux hommes gravirent la petite bosse et regardèrent de l'autre côté. Hall vit se décomposer le visage de Warwick qui l'avait précédé. Un filet de bave coulait le long de son menton.
_ Oh ! mon Dieu ! Seigneur Jésus !
Il s'apprêta à fuir.
Hall ouvrit le jet et l'eau sous pression frappa le chef d'équipe en pleine poitrine, le propulsant hors de vue. Il y eu un long hurlement qui couvrit le mugissement de l'eau.


Comme une passerelle

Assis sur le perron de ma maison, Richard et moi regardions le golfe qui se profilait au-delà des dunes. La fumée de son cigare flottait dans l'air, éloignant les moustiques. L'eau de la mer était fraîche, sous un ciel du bleu le plus profond, le plus intense.
_ Une passerelle, dis-tu, une tête de pont... intervint pensivement Richard.  Tu es sûr que tu as tué ce garçon..., tu n'as pas rêvé ?
_ Non, je n'ai pas rêvé. Et je ne l'ai pas tué non plus... Je te l'ai déjà expliqué. Ce sont eux. Je ne suis que la passerelle.
Richard soupira.
_ Tu l'as enterré ?
_ Oui.
_ Tu te rappelles où ?
_ Oui.
Je fourrageai dans ma poche de poitrine et en extirpai une cigarette. Les bandages qui les emmaillotaient rendaient mes mains malhabiles. Elles me démangeaient horriblement.
_ Si tu veux le voir, il va falloir que tu prennes le tout-terrain. Tu ne pourras pas pousser ça... (je désignais ma chaise roulante) ... sur le sable. Le tout-terrain de Richard était une VW 59 montée sur des pneus larges  comme des traversins. Il s'en servait pour ramasser le bois des épaves. Depuis qu'il s'était retiré des affaires qui le retenaient au Maryland, il s'était installé sur l'île de Key Caroline où il sculptait ses trouvailles avant des les vendre aux hivernants à des prix éhontés.
Il tira sur son cigare, le regard rivé au golfe.
_ Pas maintenant. Veux-tu reprendre depuis le début ?
Je poussai un soupir puis tentai d'allumer ma cigarette. Richard me prit les allumettes des mains et le fit à ma place. j'inhalai deux longues bouffées. Les démangeaisons de mes doigts devenaient intolérables.
_ C'est bon, commençai-je. Hier soir, à 7 heures, je me trouvais ici même, à fumer en contemplant le golfe, exactement comme en ce moment, et...
_ Remonte plus loin, me pressa-t-il.
_ Plus loin?
_ Parle-moi du vol.
Je secouai la tête.
_ Nous avons déjà passé tout cela au crible , Richard.
Son visage tanné et buriné était aussi énigmatique que celui d'une de ses statuettes en bois.
_ Tu pourrais te souvenir de quelque chose maintenant, dit-il.
_ Tu crois vraiment ?
_ On ne sait jamais. Et quand nous en aurons fini, nous partirons à la recherche de la tombe.
_ La tombe, repris-je.
Ce mot réveilla en moi de vertigineuses sensations, sinistres au delà de toute expression, plus sinistres encore que les espaces impitoyables que Cory et moi avions explorés cinq années durant.
Sous les
bandages, les petits yeux tentaient en vain de percer l'obscurité dans laquelle ils étaient confinés. Ils me démangeaient.

dansemacabre1

4ème de couverture : Ce recueil de nouvelle regorge d'inventions et de violence. Le fantastiques et l'horreur surgissent au détour des réalités les plus familères. Ainsi...
Quand un tueur à gages rentre de voyage, mission accomplie, et qu'il découvre dans un colis arrivé en son absence des soldats de plomb, il a envie de sourire, non ? Il aurait tort...
Quand des camions mènent un train d'enfer sur le parking de votre motel et vous assiègent, n'y a-t-il pas de quoi devenir fou ? surtout quand on s'aperçoit qu'il s'agit de camions sans chauffeur...

Publicité
Publicité
Commentaires
P
A propos de la nouvelle sur les camions: le King himself en a tiré un film en tant que réalisateur dans les années 80. Je sais pas si tu l'as vu, ça s'appelle "Maximum Overdrive". Mais hum... c'est pas vraiment une réussite (de l'aveu du King himself).<br /> PS: RV sur mon blog, y'a du Romero dans l'air, héhéhé!
Persistances rétiniennes...
Publicité
Archives
Publicité