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Persistances rétiniennes...
7 juillet 2008

Blue

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Le bleu, c'est la couleur de cette mer que contemple souvent Kayako après les cours sur son petit coin de plage désert, jardin secret dans lequel son regard se perd si souvent. C'est cet endroit qu'elle fera découvrir à la secrète Masami, élève qui fut étrangement renvoyée toute une année durant et que Kayako admire. Cette étrange attirance se change lentement en amour...

Une histoire douce sur le fil, partagée entre détails tendres, naissance de l'amitié puis de la confusion et de l'amour d'une jeune fille pour une autre et moments cruels et bouleversants sans jamais tomber dans la vulgarité ni même montrer des détails charnels. Au contraire, ce qui stupéfait, étonne et donne une certaine admiration envers Kiriko Nananan et son oeuvre, c'est son style très épuré et complexe qui colle au plus près du corps et des visages et ses cadrages (coupes du visage, gros plans, décors vides qui peuvent occuper les 3/4 de la case...). Et c'est de ce style que va naître lentement l'émotion pour se propager en tout notre être.

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Chronique adolescente faite de mélange entre pensées (on est directement dans la tête et les questionnements de Kayako), envies et instants présents; Kiriko Nananan tisse lentement une toile du mal-être où la sexualité et les sentiments sont clairement intériorisés (pour se libérer en rares mouvements fulgurants parfois) à l'image de ses jeunes filles qui errent en tourments, incapables souvent de dire ce qu'elles ont sur le coeur jusqu'a ce que ça les dévore. Kayako est sans le savoir tellement inquiète d'elle-même et de ses choix qu'elle couche à un moment avec un garçon "comme ça", juste pour voir si elle préfère pas l'être du même sexe à celui du sexe opposé.

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En entremêlant ainsi pensées, cadrages savamment élaborés, fragments de vie mêlées aux détails, la mangaka obtient une sorte de roman graphique qui rejoint étonnemment l'idée de zen, de précision dévouée à la calligraphie japonaise comme cette anecdote du maître qui répondait à propos de son trait si précis qu'il l'avait non pas fait en 2 secondes mais en 40 ans et deux secondes. Nananan rejoint ceci par le graphisme mais aussi le récit, savamment distillé en 10 chapitres aussi proches des 12 mois d'une année (le récit se déroule sur un an justement).

Grande et belle oeuvre.

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